Un après-midi tranquille [MONOLOGUE]

Fleur de Cannelle était dans sa tanière par une chaude journée. Le soleil était haut
dans le ciel azur et il illuminait la clairière. Dans le camp du Tonnerre, la chaleur était revigorante
et rares étaient les félins qui ne se prélassaient pas sous les rayons de l'astre d'or. La chatte tigrée
marron regardait toute ce bonheur d'un air profondément calme et rassurant. Quoi que dirait les
autres, elle resterait dans sa tanière, loin des rayons chauds et dorés.
Elle avait observé ces guerriers se reposer mais rien ne l'intéressait vraiment dans leur
comportement. Ils étaient mous aujourd'hui. Moins actifs qu'a l'ordinaire. Et on appelait ça des
guerriers?
Les chatons étaient les seuls qui se remuait un peu. Mais les reines ne faisaient rien.

Les yeux turquoises de la guérisseuse se détournèrent des félins. Elle regarda sa tanière a la
place et décida de ranger les herbes.
Elles, au moins, elles ne restait pas là a rien faire. Normal, c'est des herbes, mais elles étaient
plus actives que les autres mollassons dehors. Une racine de glouteron traînait par là, quelques
feuilles de soucis étaient éparpillées sur le sol avec des baies de genièvre et de la menthe aquatique.
Il y avait un peu partout des herbes, des baies, des feuilles...
L'astre d'Or avait considérablement baissé lorsque la chatte eut terminé de ranger ses herbes.

Si bien qu'elle sortit de sa tanière et resta a l'entrée pour voir les guerriers, les reines, les chatons
et les apprentis faire le rituel du partage. Un lien unique, vivant, presque magique les unissaient tous.
C'était beau et émouvant, si bien que le regard de Fleur de Cannelle s'embua de grosses larmes
transparentes qui coulèrent en laissant des traînées humides sur son pelage du museau. En tombant
sur le sol, elles rebondirent un instant avant d'être absorbés par la terre. Des sentiments sans valeurs,
mis a nus par une chatte, qui s'avérait guérisseuse.
Le ciel rouge, rose, doré, orange et bleu était illuminé par un soleil rougeoyant, ce qui formait un magnifique
tableau. Intensément émue, Fleur de Cannelle resta sans bouger sur l'entré de sa tanière. Puis elle retourna
a l'intérieur de celle-ci, sa truffe rose levée, ses yeux turquoises baissés, et sa queue en point d'exclamation.
Elle était guérisseuse. Guérisseuse et sans sentiment.
Et pourtant...

Nous nous demandons souvent << Pourquoi moi? >> ou << Pourquoi lui et pas moi? >>.
Dans un pur sentiment d'égoïsme ou l'on aimerait faire demi-tour, fuir la réalité, s'échapper de sa vie un instant.
Voler quelques moments au temps pour rêver.
On se dit souvent cela, et on ne pense jamais aux conséquences.
Oui, nous sommes égoïste. Dans des moments.
On dit que nous sommes indignés.
Oui, mais de quoi?
Des choix des autres, de leurs vies, de leurs biens...
Nous aimerions leurs voler leurs bonheur, car nous n'en avons pas assez.
Et les gens cèdent sous la pression de la mort.
Nous les tuons. Sans le vouloir.
Puis après on regrette.
Après...

Fin du Monologue.